ailleurs

Un bain écarlate
Ma peau qui éclate
Les bords s'écartent
Pour laisser la place
Au flot des menaces

J'ai tranché le vif
J'ai taillé les if
J'ai écorché vif
L'enveloppe étrange
Mes pores s'enfangent

La coupure est nette
Aucun son n'arrête
La coulée proprette
De ce sang impur
Je lave en mesure

C'est Chopin qui tonne
Ma tête résonne
Ma vie est atone
Ma voix est brisée
Je suis trépassée

Magnifique ambiance
Son couleur et danse
J'entre dans la transe
Procurée par cette
Trancherie honnête

Mon corps se place
Dedans cet espace
Rougi dans la glace
Liquide en rigole
Fait une farandole

On me trouvera
Ou peut être pas
Yeux clos tête en bas
Mais les coudées franches
Ma lame était blanche

J'ai aimé la voir
Se couvrir de noir
M'enlever l'histoire
Qui me reniait
Je me suis tuée.

- Dis, elle a écrit ça quand?
- Je ne sais pas.
- Elle invente des mots…
- Oui, comme le saladrier. Trop fort.
- Ouai, c'était une belle soirée, on avait quand même abusé sur la bière.
- Et tu te souviens, l'affreux roquet avait passé la nuit à nous grogner dessus.
- Une sale bestiole. Comme sa proprio. Une pire pouf'.
- Tu exagères, on l'a même jamais vue, celle-là…
- Tu rigoles! Combien de fois j'ai dû aller sonner chez elle pour récupérer Berlu!
- Ah, c'est vrai, ton chat amoureux du chien, ça vallait le détour…
- Il venait de sa mère.
- Hein?
- Berlu. On l'avait pris de chez sa mère, elle ne voulait pas plus de douze chats, elle disait que ça lui aurait porté malheur.
- La maman chat. Ca puait un peu, leur hlm…
- Ben oui, douze chats dans quarante-cinq mètre carré.
- Et les frangins…
- Au fait, tu as réussi à les joindre?
- Non. Aux dernières nouvelles, David s'était engagé dans la marine, Jarod avait lâché son mi-temps Mac Do et partait dans le sud, Antonio squattait chez une copine de copine.
- Elles datent de quand, tes infos?
- De la dernière soirée fille…Ca fait bien un an, maintenant…
- C'est vrai qu'on avait plus eu le temps de se voir…Et sa mère?
- Silence radio. J'ai laissé deux messages.
- Ca craint.
- Ouai.
- Café?
- Ouai.